Le rattachement de la Sarre à la France ne dépend plus que de la réponse soviétique

10/4/1947

(De notre envoyé spécial à Moscou, Georges Le Brun Keris)

Hier soir, à la sortie du conseil des ministres des Affaires étrangères, l'intérêt de tous était concentré sur une seule question : M. Molotov prendra-t-il la responsabilité d'être le seul à nous refuser l'incorporation de la Sarre à la France, ce qui reviendrait en fait à nous refuser le charbon ?

Sans doute a-t-on peine à croire que cette éventualité soit possible. Mais alors que M. Marshall a eu l'initiative, dont tout Français doit lui garder reconnaissance, de proposer que les Quatre décident immédiatement le principe de ce rattachement économique, le délégué soviétique a demandé d'attendre jusqu'à ce soir pour se prononcer. C'est dire avec quelle impatience la délégation française attend une réponse qui donnera ou refusera satisfaction à une de nos revendications les plus vitales, à notre revendication la plus immédiate en tout cas.

Georges Bidault, hier, a soutenu dans leur intégralité, les thèses française sur la Sarre, la Ruhr et le Rhénanie. Mais pour la Ruhr et la Rhénanie, il est peu probable qu'à Moscou même  la chose puisse être discutée à fond. Par contre, pour la Sarre, la solution est absolument mûre.